L'oeil et la plume (3) Amor espejo
Il se passe parfois des choses étranges sur la Toile... Voilà quelques jours j'avais publié le troisième volet de la collaboration photos/textes que Franck Benoit Puntous et moi-même avons entamée.
Certains d'entre vous avaient même laissé des commentaires.(d'ailleurs ce serait gentil de votre part, vous qui passez par là de laisser ou de relaisser un nouveau commentaire) Et voilà que... Pfuiiitt ! Tout disparait! Ai-je fait une erreur de manipulation? Certainement...
Alors dans l'urgence je rétablis le binome photo/texte. Ma disgression sur les chiens (re)viendra une autre fois.
Amor espejo
Comme si cela ne te suffisait pas de fuir mon regard ! Voilà que tu t’enfermes dans ton mutisme à présent. Parfois, je me demande s’il y a encore quelqu’un à l’autre bout du fil. Que s’est-il passé entre nous ? Comment les choses en sont-elles arrivées là ?
Autrefois, nos promenades étaient bien différentes. Nous allions au Parc d’Antin pour y passer l’après midi. Je te faisais rire et tu aimais me renvoyer la balle. Pour toi, je faisais le beau. Tu n’étais pas en reste, ni avare de caresses… J'étais à tes pieds. Tu étais ma maîtresse. Oh ! Comme on s’aimait alors. Certains jours, nous allions faire du lèche vitrines. Je marchais patiemment dans tes pas, m’asseyais sagement pour fixer comme toi les devantures devant lesquelles tu tombais en arrêt. J’étais si fier d’être à tes côtés! Si fier que lorsque nous croisions une de mes connaissances, je tournais dédaigneusement la tête; j'étais un peu cabot, pour ne pas dire cabotin. C’est étrange parfois dans quels détails va se nicher le sentiment d’appartenance. Tu ne me demandais rien pourtant, aucun sacrifice. Seul, j’ai décidé de perdre jusqu’à la trace de mon passé. Qui pourrait comprendre cela ? Il y a une certaine fierté à devenir esclave ? C’est comme ça…
Et puis, avec le temps, les choses ont peu à peu changé. Tu es devenue absente, jusque dans tes caresses. La force des habitudes… Bientôt, tu n’eus plus le cœur à me suivre lorsque, plein d’enthousiasme, je t’invitais à sortir. Je t’entrainais tout de même ; j’aurais préféré être aveugle plutôt que de voir la vérité. De joyeuses escapades à deux, nos sorties sont devenues de sinistres promenades dans la cour étroite de nos relations. Invariablement les mêmes trajets, aux mêmes heures. Maintenant tu me suis en trainant des pieds et moi je m’impatiente. Ma présence te pèse. Je te traîne comme un boulet. Le seul lien entre nous se tend au gré de notre incompréhension mutuelle. Chacun tire à hue et à dia. Qui pourrait comprendre cela ? Il y a comme une sorte d’esclavage à trop vouloir aimer.
Veux-tu que te dise ? Toi et moi, nous nous sommes trop laissés aller. Qui de nous deux, le premier abandonnera l’autre ?